L’Accident Vasculaire Cérébral, comme tout traumatisme et
toute pathologie qui survient subitement, peut conduire à une anxiété de la récidive et marque un avant et un après sur le parcours de vie, surtout si des séquelles perdurent.
En atteignant les fonctions motrices, sensitives, psychiques et cognitives, l’accident vasculaire cérébral touche les fonctions psychomotrices et peut être à l’origine d’une atteinte de tout l’être de la personne qui doit en plus s’adapter à un environnement qui
parfois majore ses difficultés. La non reconnaissance de ces troubles (par déni ou en lien avec des troubles cognitifs) augmente les difficultés du patient et de son entourage.
L’AVC peut être vécu comme un moment de crise existentielle
qui met à l’épreuve la relation que l’individu entretient avec lui-même mais également avec les autres et son environnement. Une remise en cause des choix de vie, de l’inscription dans la société et dans l’histoire familiale peut émerger.
Retentissement psychomoteur de l’AVC et rééducation-thérapie psychomotrice :
Des difficultés dans la marche et dans l’équilibre sont fréquentes. La personne peut, par honte ou par crainte de la chute éviter la marche et peu à peu restreindre ses activités, se replier sur elle-même et s’isoler socialement. Les pertes d’équilibre peuvent entraîner un sentiment de non-maîtrise du corps et donc un sentiment de non-maîtrise de soi. Un travail sur la dissociation des articulations, la régulation du tonus, l’investissement de l’axe corporel, des appuis, de la gestion des différents espaces corporels, des dissociations des ceintures, … sont utilisées par les psychomotriciens.
On retrouve souvent des troubles attentionnelles et une fatigabilité importante qui peuvent être facteurs de chute. Une sensibilisation du patient et de son entourage à la non mise en double tâche peut limiter la fatigue et les chutes, conjointement à un travail autour de la posture, de l’équilibre, des appuis et de la prévention des chutes. Des techniques de respiration, mobilisations passives et actives, de mouvements associés à une écoute du vécu corporel et émotionnel font parties des moyens utilisés par les psychomotriciens.
Les coordinations manuelles (utilisation des couverts, praxies d’habillage, graphisme…), les habiletés mémorielles, visuospatiales et les gnosies sont souvent touchées. Elles peuvent être accompagnées en psychomotricité par des stimulations spécifiques des coordinations bimanuelles, oculo-manuelle, de l’attention visuelle, des praxies, de la mémoire proprioceptive et de techniques de mobilisation stimulant les afférences sensorielles et la sollicitation des neurones miroirs, …
Les troubles moteurs tels que l’hémiplégie ou l’hémiparésie ainsi que les troubles de la sensibilité et le syndrome spastique entrainent souvent un défaut de régulation tonique, un surinvestissement de certaines zones du corps, des maladresses gestuelles et un inconfort douloureux, majorant les tensions, risque de chute, atteinte de la conscience corporelle et diminution de l’autonomie fonctionnelle. Un apaisement du vécu douloureux, une diminution du vécu d’angoisse et un investissement du corps de manière globale est à rechercher.
Ces troubles sont accompagnés en psychomotricité par un travail sur le schéma corporel, l’image du corps et la régulation du tonus par le biais de techniques de conscience corporelle, Eutonie, Feldenkrais, relaxation, toucher thérapeutique, des mobilisations passives et actives, un travail sensoriel et perceptif, …
Toutes ces difficultés peuvent altérer la confiance et l’estime de soi. L’approche psychomotrice des patients cérébrolésés vise une stimulation globale, une valorisation des possibilités préservées afin d’accompagner un investissement du corps, une prise de plaisir et confiance progressive en Soi en se rendant compte que ce corps a des capacités sur lesquelles il est intéressant de s’appuyer. L’amélioration de la confiance en soi et de l’estime de soi ont un impact sur l’appréhension de la chute et le schéma de marche.
Se mettre en mouvement en psychomotricité, c’est remettre du mouvement corporel, psychique et émotionnel.
Image de Le Pueblo
C’est faire l’expérience que dans cette relation à Soi et à l’Autre peut exister d’inattendues possibilités et c’est également se heurter à certaines limites qui demandent à être digérées.
En rééducation psychomotrice, ce n’est pas le corps du sujet qui est l’objet de la rencontre thérapeutique mais le sujet dans son corps.
Il est important de noter que l’expression des troubles est variable d’une personne à une autre et de son contexte et que la prise en charge pluridisciplinaire est à privilégier.